L’ensemble de trois chansons profanes est composé autour de l’année 1860. Les textes des deux premières pièces sont tirés de poèmes allemands du début du XIXeme siècle. Le texte de la troisième pièce (“Darthulas Grabesgesang” : “Chant funèbre de Darthula”) est quand à lui adapté d’un ancien poème celte.

La partition est à six voix, trois pour hommes et trois pour femmes.

Partition

1. Abendständchen

Hör, es klagt die Flöte wieder,
Und die kühlen Brunnen rauschen,
Golden wehn die Töne nieder,
Stille, stille, laß uns lauschen!

Holdes Bitten, mild Verlangen,
Wie es süß zum Herzen spricht!
Durch die Nacht die mich umfangen,
Blickt zu mir der Töne Licht.

1. Sérénade

Écoute, la flûte émet à nouveau des sons plaintifs,
Et les fontaines fraîches bruissent,
Les sons d’or retombent;
Silence, silence, laisse-nous écouter !

Charmantes prières, tendres désirs,
Comme cela parle doucement au cœur !
À travers la nuit qui m’entoure
La lumière des sons me regarde.

2. Vineta

Aus des Meeres tiefem, tiefem Grunde
klingen Abendglocken, dumpf und matt.
Uns zu geben wunderbare Kunde
von der schönen, alten Wunderstadt.

In der Fluten Schoß hinabgesunken,
blieben unten ihre Trümmer stehn.
Ihre Zinnen lassen goldne Funken
widerscheinend auf dem Spiegel sehn.

Und der Schiffer, der den Zauberschimmer
einmal sah im hellen Abendrot,
nach der selben Stelle schifft er immer,
ob auch ringsumher die Klippe droht.

Aus des Herzens tiefem, tiefem Grunde
klingt es mir wie Glocken, dumpf und matt.
Ach, sie geben wunderbare Kunde
von der Liebe, die geliebt es hat.

Eine schöne Welt ist da versunken,
ihre Trümmer blieben unten stehn,
lassen sich als goldne Himmelsfunken
oft im Spiegel meiner Träume sehn.

Und dann möcht ich tauchen in die Tiefen,
mich versenken in den Wunderschein,
und mir ist, als ob mich Engel riefen
in die alte Wunderstadt herein.

2. Vineta

Du plus profond de la mer
Des cloches vespérales résonnent, sourdes et faibles,
Et nous relèvent la présence merveilleuse
De la vieille et splendide cité enchantée

Englouties au sein des flots,
Ses ruines sont encore dressées.
Ses créneaux laissent des étincelles d’or
Resplendir à la surface de l’eau.

Et le marin, qui a vu le scintillement magique
Un jourdans la lumière claire du soleil couchant,
Navigue ensuite toujours vers le même endroit,
Même si les écueils menacent alentour.

Des profondeurs de mon cœur
Résonne sourdement et faiblement comme des cloches.
Ah, elles révèlent l’existence merveilleuse
De l’amour qui fut le sien.

Un monde splendide y est englouti,
Ses ruines y sont encore dressées;
Ils laissent souvent des étincelles d’or
Scintiller sur le miroir de mes rêves.

Et je voudrais plonger dans les profondeurs,
Me noyer dans le reflet merveilleux,
Et il me semble que les anges m’appellent Dans la vieille cité enchantée.

3. Darthulas Grabesgesang

Mädchen von Kola, du schläfst!
Um dich schweigen die blauen Ströme Selmas!
Sie trauren um dich, den letzten Zweig
von Thruthils Stamm!

Wann erstehst du wieder in deiner Schöne?
Schönste der Schönen in Erin!
Du schläfst im Grabe langen Schlaf,
dein Morgenrot ist ferne!

Nimmer, o nimmer kommt dir die Sonne
weckend an deine Ruhestätte: “Wach auf!
Wach auf, Darthula!
Frühling ist draußen!

“Die (lauen) Lüfte säuseln,
Auf grünen Hügeln,  holdseliges Mädchen,
Weben die Blumen!
Im Hain wallt sprießendes Laub!”

Auf immer, auf immer, so weiche denn, Sonne,
Dem Mädchen von Kola, sie schläft!
Nie ersteht sie wieder in ihrer Schöne!
Nie siehst du sie lieblich wandeln mehr.

3. Chant funèbre de Darthula

Fille de Kola, tu reposes !
Autour de toi les fleuves bleus de Selma se taisent !
Ils te pleurent, toi la dernière
de la race des Thruthil.

Quand renaîtras-tu dans ta beauté ?
Toi la plus belle des belles d’Erin !
Tu dors du long sommeil de la tombe,
loin est ton aurore !

Plus jamais, le soleil ne viendra
t’éveiller à ta demeure : « ouvre les yeux !
Réveille-toi, Darthula !
Le printemps est là !

Les brises murmurent doucement
sur les vertes collines, gracieuse jeune fille,
les fleurs s’agitent !
Dans les bois frémissent les jeunes feuilles !»

Éloigne-toi à jamais, soleil,
de la fille de Kola qui dort !
Elle ne renaîtra plus jamais dans sa beauté !
Tu ne la verras plus jamais se promener gracieusement.

Source