Clara Schumann avait l’habitude d’offrir à son mari des cadeaux d’anniversaire particuliers : elle composait généralement des pièces à cette occasion pour le plus grand plaisir de son mari. Abendfeir in Venedig fait partie d’un recueil de trois chœurs composés en 1848 sur des poèmes de Emanuel Geibel (1815 – 1884) pour les 38 ans de Robert Schumann. La pièce fut crée par le chœur que dirigeaient Robert et Clara à Leipzig : les choristes travaillèrent en secret sous la supervision de Clara pour offrir cette belle surprise à Robert, sous forme de sérénade, le matin de ses 38 ans.

Ave Maria ! Meer und Himmel ruhn,
Von allen Türmen hallt der Glocken Ton,
Ave Maria ! Laßt vom ird’schen Tun,
Zur Jungfrau betet, zu der Jungfrau Sohn,Des Himmels Scharen selber knien nun
Mit Lilienstäben vor des Vaters Thron,
Und durch die Rosenwolken wehn die Lieder
Der sel’gen Geister feierlich hernieder.

O heil’ge Andacht, welche jedes Herz
Mit leisen Schauern wunderbar durchdringt !
O heil’ger Glaube, der sich himmelwärts
Auf des Gebetes weißem Fittig schwingt !

In milde Tränen löst sich da der Schmerz,
Indes der Freude Jubel sanfter klingt.
Ave Maria ! Erd’ und Himmel scheinen
Bei diesem Laut sich liebend zu vereinen.

Ave Maria ! Mer et ciel se reposent.
Toutes les cloches résonnent.
Ave Maria ! Abandonnez vos labeurs ici-bas,
Priez la vierge et son fils !Les armées célestes s’agenouillent maintenant
Portant des lys devant le trône du père,
Et à travers les brumes des roses nous parviennent
Les chants solennels des âmes bienheureuses.

Ô recueillement divin qui saisit de son mystère
Chaque cœur avec un doux frisson.
Ô sainte foi, qui sur les ailes blanches de ses prières,
S’élance vers les cieux.

Là la douleur s’épanouit en tendres larmes
Pendant que la joie jubilatoire résonne doucement.
Ave Maria ! Par ce chant il semble
Que terre et ciel s’unissent en amour.